Mon seul défaut est de durer trop
Eve Chabanon

Au croisement de la fiction et du documentaire, Mon seul défaut est de durer trop réunit la « ligue des musées du Nord », en grande conversation quant à la sélection d’œuvres et d’artefacts à sauver d’urgence d’un danger proche, mais à peine murmurée. À travers cette collection improvisée, le groupe aborde des questions de fond sur la définition d’une collection, les conditions de sa conservation ainsi que sur les notions d’autorité et de propriété que cela soulève et enfin, d’identité à l’échelle de la région.


2019
Type de projet : Film (11’30)

Coproduit par le FRAC Grand Large de Dunkerque


Une histoire m’est revenue, celle du personnage de Jean-Louis Trintigant qui demande à celui interprété par Anouk Aimée dans Un homme et une femme : « Vous connaissez Giacometti ? Vous ne savez pas, il a dit un jour une phrase extraordinaire. Il a dit : “Dans un incendie, entre un Rembrandt et un chat, je sauverais le chat.” — Et même : je laisserais partir le chat après ! », finit-elle. Puis, les mots de Cocteau : « Si le feu brûlait ma maison, qu’emporterais-je ? J’aimerais emporter le feu ». 

Invoquons un incendie métaphorique pour représenter les pressions exercées sur les collections des Hauts-de-France et ainsi, retournons la question aux conservateurs, aux directeurs, au personnel d’entretien, aux secrétaires, aux gardiens des musées, mais également aux enfants, aux étudiants des écoles d’art municipales etc. : « Et vous, dans un incendie au musée, que sauveriez-vous ? ».

L’intention est de créer une forme d’urgence, d’impliquer le regard du spectateur, sa capacité à tisser des liens avec les objets des musées en puisant dans sa subjectivité pour mieux créer une narration commune, une histoire partagée. Il s’agit également de s’extraire, l’espace d’un moment, aux instances qui dirigent la construction de l’Histoire et de s’interroger mutuellement, dans un même élan : pourquoi conserver, et pour qui ?